Comment l’ouverture aux USA d’un magasin de 167 m2 peut-il être un événement planétaire ?
5 ans de travail, dont une année d’expérimentation en situation pour Amazon go pour un résultat qui annoncerait le renouveau de la distribution…et des moyens de paiement.
Amazon go, en toute simplicité….
Pas de carte bancaire, pas de chéquier, pas de monnaie…mais un smartphone avec l’appli qui vous permet de vous identifier, via le QR code, sur une borne à l’entrée du magasin. Ensuite, vous faites vos courses, puis vous sortez, tout simplement. Un journaliste a testé le dispositif : achat d’une bouteille d’eau, une minute, de l’entrée à la sortie du Amazon go… La facture est alors accessible via votre smartphone, puis votre compte bancaire, adossé à votre « wallet » (le « porte-monnaie » électronique, celui qui vous permet « d’acheter en un clic » sur le site Amazon), est débité…
Comment cela est possible ?
C’est le résultat d’un travail intensif et continu des ingénieurs d’Amazon go durant 5 ans qui aboutit à un magasin truffé de caméras et de capteurs permettant, en exploitant les possibilités offertes par l’Intelligence Artificielle, d’identifier en permanence à la fois les visiteurs et les produits qu’ils se procurent.
Coïncidence symbolique !
L’ouverture de ce magasin c’était le 22 janvier. Le 23 janvier, le groupe Carrefour annonce la suppression de 2 400 postes et la cession ou la fermeture de points de vente (superettes de centre-ville). Et investit massivement (2,8 milliards € sur 5ans) dans le secteur de l’exploitation des technologies…
Avec déjà un fait concret : l’enseigne accepte d’ores et déjà Applepay, l’appli qui permet aux détenteurs d’Iphone de payer avec leur smartphone. Et pour tous les autres, 80% des smartphones, c’est le lancement de Carrefour Pay, le 26 janvier. Avec C’Zam, sa néo-banque, Carrefour diversifie dans la finance innovante autour de son cœur de métier.
Le combat des Titans
Amazon a mis à mal la grande distribution et celle des produits culturels en France. Amazon go est une nouvelle menace. Mais pour Amazon, le danger n’est pas l’existant, mais les futurs entrants…chinois en l’occurrence, Alibaba, et son plus grand concurrent en Chine, Tencent avec son allié JD.com dont le modèle économique est très proche de celui d’Amazon.
Le scénario catastrophe serait pour la grande distribution de regarder passivement s’affronter sur nos terres, à leur détriment, les technologiques américaines et chinoises…« Le nouveau ne sort pas de l’ancien, mais apparaît à côté de l’ancien, lui fait concurrence jusqu’à le ruiner» expliquait J. Schumpeter, économiste inventeur de la notion de la « destruction créatrice » en 1911.
« L’optimiste voit l’opportunité dans la difficulté » (W Churchill)
C’est plutôt de cette maxime que semble s’inspirer Alexandre Bompard, PDG de Carrefour. L’alliance avec Tencent, comme celle d’Auchan avec Alibaba, visent le marché chinois pour les enseignes françaises. Mais on peut imaginer qu’elles peuvent aussi avoir des répercussions sur le marché français. D’autant que les deux géants chinois sont en voie de concrétiser des implantations comparables à celle d’Amazon sur notre territoire.L’hypothèse de l’implantation physique d’Alibaba en France est lourde de menaces pour le système bancaire. Alibaba a acquis un haut niveau d’expertise dans la finance, avec des filiales exploitant intensivement le Bigdata : système de paiement « smartphone »(Alipay), banque (Alibank), crédit (Sésame Crédits), épargne (Yu’e Bao)…l’ensemble chapeauté par Ant Financial.
Petite idée de la puissance du groupe ? Yu’e Bao (trésors cachés), créé en 2013 initialement pour capter les soldes créditeurs des comptes Alipay, a tout simplement pris, le 28 avril 2917, la place de premier fond de placement mondial… La bataille s’annonce rude entre les géants chinois et américains. Amazon go pourrait être dans ce contexte un atout décisif.